Commerce transatlantique : les discussions entre l'UE et Trump s'enlisent

Commerce transatlantique : les discussions entre l'UE et Trump s'enlisent L'exécutif européen a gelé les mesures de rétorsion prévues après les hausses tarifaires décidées par Washington, dans l'espoir d'une ouverture côté américain.

Trois mois après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, aucun dialogue structuré n'a été engagé entre les États-Unis et l'Union européenne, malgré plusieurs rencontres bilatérales.

Une trêve commerciale sans dialogue concret

Depuis le début de l'année 2025, Maros Sefcovic s'est rendu à Washington à trois reprises pour rencontrer le secrétaire au commerce américain Howard Lutnick. Le 14 avril, lors de son dernier déplacement, aucune avancée n'a été constatée par la Commission européenne. "Maintenant, il est nécessaire que les États-Unis définissent leur position", a déclaré Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne, cité par Le Monde. Selon ce dernier, un engagement plus poussé de la part de l'administration Trump est requis pour permettre l'ouverture de négociations substantielles.

Dans l'attente, l'Union européenne a suspendu pour trois mois les premières mesures de rétorsion douanières adoptées par les États membres. Cette décision a été annoncée le 10 avril, soit un jour après que Washington a décrété une pause de 90 jours sur l'imposition de nouvelles surtaxes. Cette suspension ne concerne toutefois pas la Chine, et plusieurs produits restent taxés par les États-Unis à hauteur de 25% pour l'acier, l'aluminium et les véhicules, et de 10% pour de nombreuses autres importations.

Des mesures existantes maintenues côté américain

Donald Trump a annoncé le 9 avril un gel temporaire de certaines hausses tarifaires, invoquant la nécessité de limiter l'impact sur les marchés financiers. Ce moratoire partiel ne remet pas en cause les surtaxes actuellement en vigueur. L'objectif affiché est de favoriser l'investissement industriel sur le territoire américain. De nouvelles taxes pourraient encore s'ajouter, visant notamment les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué le 10 avril sur X : "Nous voulons donner une chance aux négociations", sans avoir consulté en amont les principales capitales européennes. Cette décision a suscité des critiques internes, notamment de la part de diplomates français et allemands. Le président Emmanuel Macron a qualifié cette suspension de "pause fragile".

L'Europe cherche des garanties pour avancer

La proposition d'un accord "zéro droits de douane" sur les produits industriels, formulée une nouvelle fois par Maros Sefcovic le 14 avril, a été jugée insuffisante par Donald Trump. La Commission a cependant exclu toute révision de ses normes sanitaires ou de sa régulation numérique, tout en évoquant une possible levée de certaines barrières non tarifaires. Elle a également exprimé sa disposition à augmenter ses importations de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis.

Parallèlement à la suspension des contre-mesures validées par les Vingt-Sept, la Commission continue à travailler sur de nouveaux outils de rétorsion. Parmi eux figure l'instrument dit "anticoercition", qui pourrait inclure des restrictions sur l'accès aux marchés publics, des contrôles à l'exportation ou des limitations en matière de propriété intellectuelle.

Aucune nouvelle réunion n'est programmée entre Maros Sefcovic et Howard Lutnick, bien qu'un contact hebdomadaire ait été convenu. "On ne sait pas ce que veut Donald Trump : de l'argent pour financer les baisses d'impôt, réduire son déficit commercial ou attirer des investisseurs pour réindustrialiser le pays", a confié un diplomate européen, ajoutant que la légitimité de son interlocuteur américain reste floue.